Concours de poésie des Hauts-de-France - Prix du public Lycée

Paradoxe

Dans nos cœurs de jeunes humains
Se trouve un coffre aux souvenirs défunts,
Fermé par la fleur d’une renaissance
Mémoires de nos vies et leur évanescence
 

Tournent comme les aiguilles de l’horloge
Dont l’âge bientôt fera notre éloge ;
Où nos enfants qui courent dans le jardin
Ravivent nos souvenirs avant la fin ;
 

Un paradoxe de l’âge
Ressuscitant nos esprits sages,
Où s’écriront dans nos pages
 

Les histoires des enfances de nos parents,
Pleines d’amours ardents
Réunissant nos êtres, même non vivants.

Alec

Navis

Un voilier d’or, naufragé, sans un remord,
Seul, sur une plage, sa caresse sans nul os.
Sur le cadavre de cet amas, l’albatros.
Ses yeux d’azur, suintent en silence, la mort.
 

Le sable, paraît froid, le sommeil, lui, est lourd.
Les matelots, quant à eux, se sont ensablés,
Attendent patiemment leurs dernières volées.
Un des magnifiques voyages sans retour.
 

L’épave, par la mer encerclée, regarde.
La mer, par l’épave attaquée, contemple.
Le crabe, s’affirme, avec des gestes amples.
 

Trésor cherché par des pirates, sans garde.
À la seule vue, des palmiers gargantuesques,
Beauté d’un spectacle, digne d’une fresque.

Gabin BREANT-GROUSSET

Linceul

Les mots et les idées, les couleurs et les sons,
L’odeur d’un inconnu que l’on croise et oubli,
Le doux rire d’un enfant dont les fins cheveux longs
Tombent sur ses joues roses tirées d’un sourire ;
La douleur de la mort, les abîmes célestes
Qui inondent vos yeux de larmes et de pluie,
Que j’aimerais sécher d’un geste,
Que j’aimerais tarir ;
L’insondable ténèbre, l’irréel d’une nuit
D’une étoile s’effaçant, d’un cri,
D’une idée nouvelle s’ouvrant comme une fleur
Dans l’esprit d’un artiste dont le talent se meurt ;
Les idées et les mots, les sons et les couleurs
Tout se mélange en moi, et ces douleurs éparses
Sont comme mille bouts déchirés d’un linceul,
M’ensevelissant sous une montagne noire.

Kyoo Kay

Se connaître c'est moins s'aimer

Mes fossettes en bas du dos sont vues comme symbole de beauté

On dit même que Vénus me les a légués
Je ne veux pas m'attirer la foudre des dieux
Mais victime de moi-même,
J'ai été l'exemple du dicton
Il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine
Mes fossettes ont récolté bien des choses

De la sueur,
De la pluie,
Les doigts de ma mère,
Des envies,

Des espoirs tranchants qui m'ont coupé
Mais aussi des vagues amères

Qui se sont brisées sur moi en se riant de mon penchant

Pour la braisière
Mon âme cuit dans cet endroit
Mais cette chaleur s'avère agréable
Même si c'est irrespirable
Maintenant mes fossettes
Sont le réceptacle de mes peurs
Berceau de ce mal-être
Elles représentent tout ce que je déteste
À force de trop les regarder dans le miroir
J'en ai oublié que Vénus me les avait données
J'en ai oublié la beauté de mon corps
La beauté de moi-même
C'est en voyant la rose éclose au matin
Que j'ai vu que ses épines ressemblaient aux miennes
Que ma peau était semblable à son teint

Et j'ai enfin réalisé

Je ne suis pas aussi belle que Vénus
Pas aussi parfaite que la rose
Mais je suis venue en ce monde
Et je suis éclose

Vladys DELAPLACE

L'Ondée d'Eden

Dans le ciel torturé passent quelques nuages
Effrayants, mais à la grâce inimaginable.
Ô, vous, magnifiques anges perchés tout là-haut,
Où allez-vous sur ces curieuses masses d'eau ?
 

M'observez-vous ? Comme perdue, les yeux fermés,
Je laisse cette pluie si froide, glaciale,
Me caresser dans ce torrent horripilant.
Est-ce normal qu'elle puisse me soulager tant ?
 

Mes larmes qui se mêlent naturellement
À celles du grand ciel, semblent surnaturelles.
J'écoute cette musique aux notes irréelles.
Pourquoi tombent-elles tout à coup paisiblement ?
 

Mon âme attend une chose encore incertaine :
Le retour du beau temps ? La fin de son malheur ?
J'admire cette couche homogène et lointaine
Me demandant : "Qui donc règne sur ces hauteurs ?"

Elisa DYCKE

Voix

Je ne suis pas de cette voix qui parle haut et fort
Je suis de celle qui garde ce qu'elle pense pour elle
Je suis de cette voix trop gentille, trop douce
Je ne suis pas de celle qui affirme ses reproches
Parfois j'en viens à mc demander si j'en ni une

Je suis muette
Pourtant honnête
Avec elle j'aurai pu atteindre la lune
J’aurais pu moins souffrir
M’ouvrir

J'aurais pu partager mes désirs

Sourire

Mais j'ai préféré utiliser mes yeux
Pour regarder les cieux

Observer ceux que les dieux ont rendu merveilleux

Ceux amoureux
Nombreux nerveux
D'autres dangereux
Certains creux
Les regarder eux

Apparemment certains ne les utilisent pas

Ils ne voient pas
Soudain je me retrouve face à moi

Et à ma voix
Tout semble si simple
Enfin je parviens à l'utiliser
Alors jamais je n'ai autant exprimé
Ce que je ressentais
Choqué
Subjugué

C'est ainsi que je perçois par le regard

L'Œil hagard

Qu'ils partageaient à ma portée
Je me retrouve aujourd'hui
A bien trop m'en servir
Je blesse
Je conseil
Je défends
Je soulage
J'accuse

Oui grâce à elle je vis

Ma voix est un cadeau du ciel avec laquelle

Je peux devenir celle

Que l'on appelle lorsqu'on a besoin d'elle
Ou simplement lorsque l'on ne veut qu'elle

Maëlys GUERBÉ

Un souvenir

Tu n’es plus qu’un souvenir.

Une photo en noir et blanc qui commence tout juste à bruler.
Une odeur envahissant les narines, que l’on pense ne jamais oublier.
Des images que je ressasse en boucle dans ma tête,

Peut-être parce que,
Tes mains empoignées aux miennes,
Tu me regardais comme si j’en valais la peine.
Tu n’es plus qu’un souvenir.
Lorsque tes yeux croisent les miens,

C’est là que je me rappelle de mon rire accordé au tien.
De ces semaines passées où tu me disais que mon parfum t’obnubilait
Et que tu demandais à me voir danser, avec à la main une bouteille de rosé.

Je ne suis plus qu’un simple souvenir.
Ce qu’il te reste de nous est surement ce tableau où,
Le dos cambré, les mains agrippées aux draps,
Je te demande que ce moment dure une éternité.

Mais te reste-t-il autre chose que la courbe de mes hanches et le canevas de ma

peau pour te rappeler de notre histoire ?
Tu n’es plus qu’un souvenir.

Égoïsme ou non, je ne veux pas oublier le timbre de ta voix lorsque tu parlais de

mon sourire.

Égoïsme, c’est vrai, je veux ressentir à nouveau

Ta main repousser mes quelques mèches blondes derrière mon oreille

Tu n’es plus qu’un souvenir,
Alors laisse- moi te dire,
Une dernière fois,

Que mes cheveux sont encore mieux lorsque tu y passes tes doigts.

Soaz LANNOY

Le dernier déluge

Une goutte de trop sur le ras d’un verre d’eau,
Les larmes découlent, formant de longs sanglots,
Des serpents affamés cheminent sur la paroi
Déversent sur le monde la source de tout émoi.
 

À jouer avec le feu la pluie s’est brulée,
Les gouttes déferlaient dans les rues inondées.
Ce n’était que de simples perles qui tombaient.
Ensemble elles étaient une armée, fusils chargés.
 

Personne ne survit à une fusillade,
Barricades, toutes emportées par la tornade.
 

Assis sur les toits, il observait mais ne disait
Il s’approchait de la mort mais il ne faisait
L’eau allait engloutir la ville, il souriait
Un verre débordé à la main, il buvait.
 

Cet homme avait vécu plus qu’il n’aurait dû,
Il savait qu’un jour la pluie serait venue,
Ce jour où elle ne s’arrêterait jamais plus.
 

Il n’avait pas couru assez vite, assez loin
Piégé dans un déluge’ dont il ne voit la fin.
Il but une dernière gorgée et inspira,
Desserra son emprise, le verre se brisa.
 

Debout sur le toit, un ciel obscur, sans futur
Il sauta mais ne se brisa pas…il sourit,
Cet homme avait couru plus vite que la vie.

Il avait choisi sa sortie,
Et le déluge était fini.

Clémentine ONDET

La mer

Je peux enfin revoir la mer,
Avec son soleil éclatant,
Le sable dansant dans le vent,
S’élevant au-delà des terres,
 

Je peux enfin revoir les flots,
Et les bateaux sur l’horizon,
Qui oscillent sur la chanson,
Du paisible remous des eaux,
 

Et la douce harmonie du soir,
Sur les belles vagues salées,
Semble comme s’y refléter,
Peignant les nuances de noir,
 

Je peux enfin voir le rivage,
Dont je me suis trop éloignée,
Et les souvenirs du passé,
Resurgissent comme un mirage,
 

Je peux enfin revoir la mer,
Et je ne veux plus la quitter,
Qu’elle puisse m’emporter
Loin de ces terres de misère

Linn RICHARD-MAIRE

Coeur  aux tons d'automne

Je vois ton cœur.
Jaune, rouge, bleu, marron, violet.
On y a peint à coups de poings
Un arc-en -ciel aux tons d’automne.
Ton cœur montre les plaies
que tu ne peux maquiller.

Ses battements font écho aux coups sourds qu’il a reçus.

Avec les coups, vont les paroles.

Jaune.
La douleur te fait vomir
Rouge

La violence qu’il a porté à tes lèvres

Bleu

Tu la hais maintenant dans les yeux

Marron

Couleur du retour à l’état brut

Violet

Nostalgie de tous ces moments volés
Qui est donc cet auteur aux pinceaux meurtriers ?
Son odeur de tabac froid qui te serre la gorge.

Rien

Rien n’y fait pour desserrer l’emprise de ses doigts glacés.

Ton cœur affaiblit te trahit.
Ton corps frissonne,
écho de ton cœur transit.
Peur peur peur 

traduisent les battements de ton cœur.
Le revers part, ton corps titube,
Victime d’un coquard, ton cœur trébuche.

C’est la chute.
Chut.

Imane SOUCHI